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Un titre national gagné pour une seconde !

Emilien Le Borgne et Alexandre Stricher sont Champions du Portugal en efficience ! Avec 125 points, soit le maximum atteignable sur l’ensemble de la saison, ils bouclent une année riche en victoires… Qui s’est pourtant jouée à une toute petite seconde.

Ramener la voiture pour gagner le titre

Avec un championnat basé sur les cinq meilleurs résultats d’une saison de six épreuves, la situation était assez limpide pour Emilien Le Borgne et Alexandre Stricher. Après quatre victoires consécutives, il ne manquait que six points en Alentejo pour être sacrés, soit l’équivalent d’une huitième place…

En cas de problème, avec un score vierge sur cette dernière manche, Carlos Silva et Sancho Ramalho pouvaient encore être titrés grâce à une première ou une deuxième place.

L’objectif était donc, d’abord, d’éviter toute erreur de navigation et de s’assurer de ramener la voiture. Si l’épreuve tracée dans l’Alentejo ne cache généralement pas de difficultés dans la compréhension du roadbook, les très nombreux kilomètres sur terre pouvaient être un handicap et une source de risques.

Mode éco enclenché, avec un maximum de marge sur la terre et entre les pierres, Emilien Le Borgne et Alexandre Stricher terminaient le premier chrono avec deux petits points de pénalité, à la douzième place du classement général de la régularité, mais avec une consommation moyenne qui leur permettait déjà d’entrevoir un facile podium en efficience.  

Et si tout s’effondrait ?

« En étudiant le règlement, nous savions qu’il y avait une opportunité d’éliminer toute la concurrence en réalisant un parcours exceptionnel en régularité », se rappelle Emilien Le Borgne.

Afin d’éviter que certains équipages ne délaissent l’esprit d’un rallye de régularité pour ne se concentrer que sur l’efficience en n’assurant que les pointages aux contrôles horaires, le règlement impose d’avoir moins de douze fois plus de points de pénalité que le vainqueur en régularité pour être classé en efficience.

Ce point de règlement, très équilibré, a été parfait tout au long de la saison. Mais, lors de l’ultime épreuve, il a failli tout faire basculer.

« Plusieurs fois dans la saison, Emilien parlait de faire des zéros tout au long de la journée pour s’assurer de la victoire en efficience et en régularité et ainsi priver de points tous nos concurrents en efficience », se rappelle Alexandre Stricher. « Je trouvais ça utopique face à la difficulté des épreuves. »

Ne plus être maître de son destin…

Encore deux points dans la deuxième zone de régularité, six points dans la troisième, un point dans la quatrième… Tout se passait comme prévu. Mais, devant, Carlos Silva et Sancho Ramalho récitaient une partition magique : un seul point de pénalité dans le deuxième chrono et une exceptionnelle succession de zéros.

Après quatre tests, les leaders comptaient un point de pénalité, Emilien Le Borgne et Alexandre Stricher en comptaient onze. Devant l’article stipulant qu’il faut avoir moins de douze fois plus de points de pénalité, la marge était extrêmement faible.

Le cinquième chrono faisait basculer le titre côté portugais. Encore un zéro pour les leaders et deux points pour les Français : 1 à 13. A soixante kilomètres de l’arrivée, le titre est virtuellement perdu…

La ZR 6 de 24 kilomètres, l’une des plus longues de la saison, devait rassurer Emilien et Alexandre : « Avec le nombre de contrôles secrets de cette longue spéciale, je ne pouvais pas croire qu’ils allaient continuer d’aligner des zéros », commente le copilote.

Pour une seconde !

Et pourtant, vingt-cinq points de contrôles secrets, vingt-cinq scores parfaits… « A ce moment-là, notre performance avec trois points de pénalité est anecdotique », reprend Emilien Le Borgne. « Un zéro dans le dernier chrono de la saison n’aurait rien changé, nous n’étions plus maîtres de notre destin. Il fallait que Carlos et Sancho fasse une toute petite erreur, un tout petit décalage d’une seconde, ou tout était perdu. »

Lorsque les concurrents bouclent la section, les extraordinaires résultats de la BMW i3 sont commentés. Avant de recevoir le tableau des pénalités du dernier chrono, seuls deux autres équipages sont dans le « x12 » qui permet d’accéder au classement de l’efficience. Carlos Silva et Sancho Ramalho sont également en train de renverser le classement du championnat de la régularité. En cas de victoire, ils prennent aussi le titre dans cette catégorie.

La délivrance arrive quelques minutes plus tard. Avec un point de pénalité dans le dernier chrono, les leaders terminent leur incroyable journée avec deux points, mettant ainsi en jeu tous les équipages à moins de 24 points, dont Emilien Le Borgne et Alexandre Stricher soit les 8 meilleurs équipages de la régularité.

La publication du classement de l’efficience ne fait qu’entériner le titre des Français : victoire avec une consommation moyenne de 8,64 kWh / 100 km (ratio de 0,55), devant Pedro Morais et Silvia Coutinho (0,61) et Carlos Silva et Sancho Ramalho (0,63). Sans la règle du « x 12 », les équipages deuxième et troisième auraient été différents…

En régularité, Carlos Silva et Sancho Ramalho s’imposent largement et remportent le titre national. Emilien Le Borgne et Alexandre Stricher terminent cinquièmes de la manche et cinquièmes de cette catégorie, avec un dernier point gagné lors de la Power Stage.

« Nous avons littéralement tremblé jusqu’au bout », commente Alexandre Stricher. « Je n’imaginais pas qu’un championnat d’efficience puisse se jouer ainsi, sur une seconde de régularité, après des milliers de kilomètres parcourus. »

« L’objectif de la saison est atteint », continue Emilien Le Borgne. « Nous sommes les premiers étrangers à avoir disputé la totalité d’une saison dans le championnat national le plus relevé au monde. En efficience, et même si tout s’est joué dans le dernier chrono, nous finissons avec cinq victoires pour cinq manches comptabilisés. Tout au long de l’année, nous avons progressé en régularité pour passer d’un équipage qui terminait tranquillement dans le top 10 à des prétendants réguliers au podium, avec une deuxième place à Lisbonne. Sans notre travail en régularité, tout aurait pu basculer pour cette ultime manche. Notre cinquième place au classement final de la régularité est une belle preuve de notre implication. »

Le meilleur souvenir de la saison :

Emilien : La dernière spéciale du rallye du Lisbonne, la première de nuit de la saison dans le massif montagneux de Sintra. Avant le départ de cette dernière, nous savions acquis la victoire en efficience mais tout était encore possible en régularité puisque nous pointions à la troisième position. Une concentration exceptionnelle et une osmose dans la voiture avec Alexandre pour la recherche des points de contrôle du roadbook ont permis une spéciale parfaitement maitrisée avec à la clef la seconde place du général !

Alexandre : mes mains qui tremblent avant le départ de la dernière spéciale comptant pour le classement de l’efficience à l’Alentejo. Je n’imaginais pas que Carlos et Sancho allaient continuer leur série de « zéros », je ne pouvais qu’espérer que tout bascule en notre faveur.

Une chose à retenir :

Alexandre : l’ambiance de ce championnat et l’accueil qui nous a été réservés tout au long de la saison. Nous avons eu l’honneur d’être accueilli dans la famille du Championnat du Portugal. Au-delà de l’ambiance, le niveau sportif est exceptionnel, bien plus élevé que partout ailleurs, même au niveau international. Enfin, les organisateurs connaissent toutes les subtilités de la discipline en participant eux-mêmes à des écorallyes. Aucun résultat n’a jamais été questionné ou remis en cause, car tous les concurrents ont une réelle confiance dans le travail des organisateurs. Bravo et merci à tous !

Emilien : Ce championnat est le reflet que le véhicule électrique peut être fédérateur avec plus de 20 équipages ayant pris part à l’intégralité de la saison. Pour sa troisième année, nous avons assisté au championnat d’écorallyes le plus disputé au monde ! Mais surtout au Portugal, l’accent n’est pas mis uniquement sur l’organisation d’un rallye de régularité mais sur une découverte de chaque territoire du Portugal à l’occasion des 7 manches du championnat à travers le pays et les territoires ultra-marins (Açores et Madère) où chaque manche à sa propre identité que ce soit en régularité et en consommation. Je suis heureux d’avoir pris part à ce championnat où la complicité avec les équipages est rare dans le milieu automobile.